La pacification d'Ayt Seghrouchen par le capitain Cassou 1926(video)
video rare
LES AÏT SEGHROUCHEN
Photo : Vieux guerriers berbères.
(+ diaporama au bas de la page)
Le texte ci-dessous est extrait du commentaire du film « Le Capitaine Cassou » (voir la rubrique "FILMS")
Le Tichoukt est aussi le lieu des randonnées organisées par les gîtes dont il est question dans la rubrique "RANDO TREKKING".
LES AÏT SEGHROUCHEN
(« gh » : râclement à l'arrière de la gorge, entraînez-vous...)
Notre
montagne, le Tichoukt, plus modeste que ses voisines (Ayachi 3.800m,
Bou Iblane 3.600m) mais qui frôle tout de même les 3.000 mètres, est
le domaine et la mère nourricière des Aït Seghrouchen, une tribu
d'Arabes adarissa berbérisés. Elle donne l'herbe de leurs troupeaux,
le bois de leur foyer, quelques terres à blé, et elle leur permet de
dominer, dans tous les sens du terme, les tribus des plateaux
environnants. Ici s'est déroulée, en 1924-26, la bataille du Tichoukt.
Sur cet Olympe, les Aït Seghrouchen ont tenu deux hivers, dans la
neige, encerclés par les troupes françaises et leurs supplétifs
marocains, qui occupaient leurs villages, pillaient leurs maisons et
leurs troupeaux, détruisaient leurs réserves. Les femmes et enfants
des résistants étaient arrêtés et regroupés près de Skoura, dans des
bâtiments encore visibles. L'armée française a eu le triste privilège
de pratiquer au Maroc les premiers bombardements aériens de
populations civiles de l'histoire, dont un sur El Mers, centre de la
tribu Aït Serghrouchen. L'école a été touchée, un enfant et le fquih
sont morts.
Privés de ravitaillement, les Aït Serghrouchen se
sont rendus, affamés. Les tribus voisines ne leur ont fait aucun
cadeau. Toutes avaient un compte à régler avec cette tribu guerrière
qui les razziait régulièrement et leur faisait payer un tribut. On ne
leur laissa pas un seul mouton. «Vous disiez que vous préfériez manger
des pierres que subir la domination des Français, leur dirent les Aït
Youssi, eh bien, mangez des pierres » (dans le film, témoignage de
Mohammed Ardouz)
Quand fut signée la paix des braves, tous les
jeunes Aït Serghrouchen, dont la tribu était ruinée, dont le père
était mort souvent, se sont engagés en masse dans l'armée française,
pour pouvoir vivre, tout en continuant à faire ce qu'ils savaient
faire : la guerre. Ils ont quitté leur tribu et formé des bataillons
d'élite : les goums, menés par des officiers français fiers de
commander ce qu'ils considéraient comme les meilleurs soldats du
monde. Ils ont d'abord participé à la conquête totale du Maroc, pendant
encore huit ans, menant de durs combats contre la résistance berbère
du Haut Atlas, puis de l'Anti-Atlas. Ce faisant, ils ne faisaient rien
d'autre que ce qu'ils avaient toujours fait. Vous verrez peut-être
Moulay Lahcen, 106 ans, qui a fait la guerre du Tichoukt et qui, dans un
des derniers combats de la « pacification », en 1933, sur le djebel
Saghro, a vu tomber le légendaire capitaine de Bournazel, l'homme à la
casaque rouge.
Les goumiers sont repartis en 43. Il fallait
libérer la France. Ceux du 2° GTM, en majorité Aït Seghrouchen, ont mené
des combats en Tunisie, ils ont libéré la Corse (terrible bataille du
Teghime), l'Ile d'Elbe, ils ont participé à la campagne d'Italie -ils
étaient à Monte Cassino. Menés entre autres par le colonel Boyer de
Latour, qui était marié à une femme Aït Serghrouchen, le capitaine
Feaugas et le capitaine Lucasseau, bien connus autour du Tichoukt, ils
ont débarqué en Provence et libéré Marseille, Briançon, ils ont
durement combattu dans les Vosges pour libérer l'Alsace, ils ont percé
la ligne Siegfried au-delà du Rhin et ils ont terminé leur périple en
Autriche (Stuttgart) où le sultan Mohammed V est venu les féliciter.
Comme
Si Akka ou Rhho, que vous verrez peut-être dans les rues de
Boulemane, un jeune homme de 105 ans (125 dit-il), peut-être le soldat
vivant le plus médaillé de France : Légion d'honneur, Médaille
militaire, Croix de guerre avec palme et 7 citations, toutes obtenues
au feu, Silver Star et Ouissam Alaouite, pour ne citer que les
principales.
Sait-on que parmi les 13 soldats les plus
médaillés de la dernière guerre, 11 sont Marocains… Pour ne parler que
de ceux qui sont revenus.
Pour clore ce chapitre, je vais
rapporter une dernière information, donnée par Michel Jobert qui
faisait partie d'un tabor marocain, sur laquelle on pourra réfléchir.
Quand nos Africains, et quelques soldats français de souche, menés par
les officiers dont nous avons parlé, après avoir libéré la Corse,
l'Italie et la Provence de l'occupation allemande, remontaient la
vallée du Rhône, la Bourgogne et la Franche-Comté, des milliers de
Français auraient pu se porter volontaires pour aller se battre avec
eux. Deux l'ont fait. Sur 900 km. Deux. C'est pas beaucoup… Et
l'histoire ne dit pas s'ils étaient Français de souche. Ils venaient
peut-être d'Italie, ou de Pologne, ou d'Arménie, va savoir.
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Sur les combats du Tichoukt et les participants :
Livres :
Dans
le Tichoukt ont combattu, entre autres, les célèbres Laffitte, de
Bournazel, de Lattre de Tassigny, Aage de Danemark, De Loustal,
Poeymireau....
- Vie et mort du Capitaine Laffitte, par le Dr P. Lalu (longtemps médecin à Boulemane)
- Henri de Bournazel, l'épopée marocaine (H. Bordeaux, mais plusieurs livres ont été écrits sur Bournazel)
- Avec Lyautey, homme de guerre, homme de paix par M. Durosoy (premier officier des Affaires Indigènes d'El Mers)
- Le Maroc héroïque de Jean Vial (médecin sur le Tichoukt avec Laffitte)
Film :
Le
Capitaine Cassou, de Francis Boulbés, 2007, documentaire historique /
angle de vue sur le protectorat. L'histoire militaire
franco-marocaine en 45 ans de protectorat. Un Officier des Affaires
Indigènes, le Capitaine Cassou, sa personnalité, son œuvre, le
souvenir qu'il a laissé autour du Tichoukt… Voir sur ce site rubrique
"FILMS"
Web :
http://beaucoudray.free.fr/dldt.htm
http://membres.lycos.fr/ghilas/page3.html
Voir aussi sur ce site, dans la même rubrique "BERBERES", la page "GOUMIERS"
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